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ART DANS LES JARDINS
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ART DANS LES JARDINS

Un jardin d’Art avec 22 oeuvres monumentales

Édifié au Moyen Age et à la Renaissance, le château du Rivau a pour écrin de verdure un parc de six hectares classé Jardin Remarquable depuis 2003, où souffle l’esprit du merveilleux cher à l’époque médiévale au fil de quinze jardins thématiques.

 

Véritable musée de plein air, ce parc conçu depuis 1995 par Patricia Laigneau évoque les parcs médiévaux où de surprenantes sculptures faisaient rimer amour courtois et surprises. De nos jours, les œuvres d’artistes contemporains reconnus interpellent le visiteur au détour du chemin. L’émerveillement, ingrédient des parcs médiévaux, est revisité et s’empare avec ironie et poésie des symboles issus de l’imaginaire des contes et légendes.

Chateau du Rivau Laurent Pernot The kiss 2021

Jérôme Basserode, La Forêt qui court, 1998

Deux nouvelles oeuvres d’art étoffent les jardins en 2023

En 2023, deux nouvelles oeuvres rejoignent les jardins de contes de fées du Rivau : La cabane, conçue par l’artiste Julien Des Montiers, et Le Kiss (2021) créée par l’artiste Laurent Pernot.

 

Les jardins sont réputés pour leur poésie. Devant l’occulus végétal et son point de vue remarquable sur le Château du Rivau, Le Kiss, deux sculptures évoquant le baiser et l’amour réalisées par l’artiste Laurent Pernot, complètent cette échappée vers le rêve.

 

Une cabane en rocaille dans le verger de Paradis ! La rocaille, cet art en vogue dans les jardins historiques du XIXe siècle a inspiré l’artiste Julien des Monstiers. L’univers merveilleux du Rivau se devait d’abriter une cabane comme tout conte de fée. Rappelez-vous la cabane magique d’Hansel & Gretel ! L’atmosphère onirique qu’inspire une cabane abandonnée au milieu des arbres s’efface lorsqu’ on s’approche. L’une des faces semble être un container ! Julien des Monstiers brouille les frontières entre deux imaginaires : le conte de fée et le monde réel et ses contenants transportant des marchandises manufacturées, synonymes de mondialisation, loin des pratiques artisanales d’antan.

 

En s’approchant, le regardeur découvre à l’aide des judas pratiqués dans la porte les fresques colorées et lyriques, à priori séduisantes peintes par l’artiste, dévoilant le beau territoire rural environnant. La technique singulière où les couleurs du peintre, oranges et bleues s’entremêlent, racontent aussi à l’intérieur de la cabane, le puzzle géant qu’est le monde d’aujourd’hui ou passé et modernité se superposent jusqu’à s’anéantir.

Cabane, Julien des Monstiers, 2023

La Cabane est un projet financé par le Fonds Européen de Développement Régional Financement dans le cadre de la réponse de l’Union à la pandémie de COVID 19.

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Une périgrination artistique

Dès franchi le portail renaissance de l’enclos de la cour des communs, nos hôtes découvrent Taupologie (2011), une taupe de bronze surdimensionnée crée par Gyslain Bertholon. Elle semble émerger des profondeurs de la terre du Potager de Garguantua. Les taupes habituellement ne sont pas les amies des jardiniers ! Ici, elle salue les visiteurs qui entrent dans le monde merveilleux du Rivau. Autre façon aussi de rappeler qu’autrefois des souterrains reliaient Le Rivau au château de Chinon.

 

Non loin, Old Woman shoe (2009), la monumentale pièce de l’artiste Amy O’ Neill (dépôt du CNAP dans le cadre de la mission de soutien aux arts plastiques), interpelle petits et grands. Bien sûr, l’artiste américaine Amy O’ Neil mêle les rêves d’enfants à ceux des adultes puisque les petits peuvent se réfugier dans cette botte surdimensionnée, tout en se référant à une célèbre comptine anglosaxonne où l’enchantement se propage grâce à des objets magiques dotés de pouvoirs prodigieux

 

Sur le pédiluve, contraste les dimensions lilliputiennes de l’installation de céramique de Fabien Verschaere, Novel for life. Princesse, château enchanté, ourson, canard doudou et même vanité, détournés par l’artiste, entrecroisent rêve d’enfants au loufoque.

Pierre Ardouvin

Pierre Ardouvin, Encore et toujours, 2009

Toujours dans cet enclos autrefois nommé cour des servitudes, l’installation Encore et toujours (2009) de Pierre Ardouvin propose aussi une nouvelle lecture du merveilleux. Un carrousel inaccessible symbolisant à première vue, le premier voyage enchanté des enfants, le tourbillon causé par ce périple. A y regarder de plus près, l’artiste semble nous dire que ces rêves se fracassent à l’âge adulte comme l’évoque le miroir brisé au sol de l’installation et qui renvoie l’image du château détériorée.

Plus loin dans les jardins….

Au milieu des arbres du verger, le promeneur découvre Invendus – bottes (2008) de l’artiste Lilian Bourgeat. Deux bottes surdimensionnées frappent l’attention du visiteur par leur démesure. L’étonnement atteint son paroxysme lorsque le promeneur découvre que ce sont deux pieds gauches ! Selon l’artiste les deux pieds seraient restés invendus dans un magasin pour géant. Le travail de Lilian Bourgeat sollicite la réflexion du promeneur sur la question de l’utilité de l’objet de consommation. Les objets auraient-ils une âme ?

 

Un peu plus loin, l’œuvre de Nicole Tran Ba Vang Après la pluie (2004) reprend la forme et le principe du traditionnel verre à saké, ces tasses destinées aux hommes japonais où le fond est orné d’une image érotique. Au plaisir de surprendre s’ajoute la notion de voyeurisme, comme si les interdits étaient plus attrayants.

jardins octobre

Lilian Bourgeat, Invendus – bottes, 2008

Au coeur du jardin du Petit Poucet, le visiteur découvre un bronze. Stefan Nikolaev a érigé un « Monument » commémoratif au coyote du célèbre dessin animé (Bip bip et Coyote en français). Ainsi, avec cette œuvre I liked America and America liked me (2013), Stefan Nikolaev détourne le personnage de Joseph Beuys, un grand artiste allemand toujours vêtu d’un manteau de feutre et d’une canne. Beuys, défenseur de la Nature, s’était enfermé avec un coyote pour démontrer que la Nature n’était pas agressive. Stefan Nikolaev fait non sans humour une analogie entre le personnage de l’artiste et la figure du cartoon.

 

Dans la Forêt Enchantée, en levant les yeux au ciel, le visiteur découvre le mobile de Paul Rouillac Les sept nains (2011). L’artiste fait danser des lutins, rouges du plaisir de tournoyer accrochés à leur mobile au-dessus des têtes des visiteurs, à la même hauteur que les oiseaux. Au sol, on aperçoit Les grands hommes de l’artiste Claude Le Poète. Ces sculptures en céramique, derrière leurs apparences naïves, représentent de manière ironique les héros des médias : les politiciens…

 

Stefan Nikolaev I like america and America Loves me ©Chateau du Rivau

Stephan Nikolaev, I liked America and America liked me, 2013

Au sortir de la forêt, le Vaisseau de jardin (2006) de Lilian Bourgeat intrigue. L’artiste se plaît à agrandir les objets les plus banals de notre quotidien. Promus à une échelle XXL, ils sortent désormais de leur anonymat pour devenir des « Objets Extraordinaires », un peu comme les objets magiques des contes de fées.

 

Tout proche, le labyrinthe Alice au Pays du Rivau attire l’attention, d’autant qu’à l’entrée les sculptures en 2 dimensions créées par Jean-Jack Martin ressemblent à des soldats-jardiniers. Et ils nous projettent comme Alice dans un univers merveilleux. Ainsi, avec modestie et talent, l’artiste donne corps aux figures inspirées par les illustrations originales de John Tenniel.

 

Un musée à ciel ouvert

En avançant, le visiteur attentif reconnaitra d’étranges personnages le long de l’allée de marronniers. Le Rivau invite aussi les artistes d’art populaires à s’exprimer. Ici Les gardiens ont été crées sur place, à partir des arbres terrassés par la tempête de 1999. Une manière de les éterniser.

 

Au détour du chemin, parmi les grands tilleuls et charmes, le promeneur distingue 5 grandes paires de jambes qui semblent comme mues par le vent. C’est La Forêt qui court (1998) de Jérôme Basserode. Emblématique des jardins du Rivau cette impressionnante installation pose la question du devenir de l’Homme dans la Nature. Ou bien, du devenir de la forêt souvent détruite par l’Homme.

 

A la lisière de la forêt, surplombant les champs cultivés, se trouve Le nid (1996) de Jean-Luc Bichaud. A priori un banal nid surdimmensionné. Mais, recouvert de graines de millet, aliment de prédilection des oiseaux en cage, cet abri prend une autre signification : veiller à la protection des oiseaux de nos campagnes dans un paysage qui a souvent perdu ses haies, refuges de la gente ailée.

 

Surplombant la forêt, le promeneur est interpellé par Le piercing (2003) de Philippe Ramette, ornant le plus vieux chêne du parc. A première vue, un bijou dans un arbre peut sembler absurde, mais par une mystérieuse alchimie, la sculpture et le vieil arbre se mettent mutuellement en valeur.

Stephan Nikolaev

Jean-Pierre Raynaud, Pot Rouge, 1968-1996

Après ces pérégrinations vers l’enfance et le merveilleux, le visiteur du Rivau découvre le monumental Pot rouge de Jean-Pierre Raynaud. Le banal pot est ici magnifié par son gigantisme et sa couleur. Et l’on peut se demander : pourquoi est-il donc bétonné́ comme si l’artiste avait condamné ce pot à ne pas servir de contenant aux fleurs ?

 

Au bout du Chemin des Fées se dresse La Tour du Bois Dormant de Dominique Bailly. En forme du toit des tours en poivrières du château, cette œuvre en végétal (elle est tapissée de sarments de vignes) restitue la quatrième tour qui autrefois fermait le quadrilatère du Château.

 

Surprise encore : en arrivant sous le châtelet de l’entrée du château, Pierre Ardouvin réussit à transformer deux banales brouettes de jardins plantées dans des bottes en figures humaines. Avec Debout (2005), Pierre Ardouvin métamorphose des objets utilitaires en personnages chargés d’une double mission oscillant entre le rêve et le pessimisme inhérents à la condition humaine : saluer les visiteurs et évoquer le travail nécessaire à l’entretien d’un monument et des jardins.